S’entraîner

9 février 2024

Dans la nuit de Pâques, au cours de la Vigile pascale, après avoir été témoins du baptême de plusieurs adultes et adolescents, nous serons appelés à renouveler les promesses de notre baptême : renoncer à Satan et à ses œuvres et nous engager à continuer à servir Dieu.

Pour y arriver, il est question – cette semaine – d’entrer en Carême pour le vivre comme un temps d’entrainement. C’est le moment de vérifier que nous sommes authentiquement chrétiens et que nous n’en restons pas aux apparences !

Nous connaissons les trois piliers du Carême : l’aumône, la prière et le jeûne. Ces trois piliers nous orientent habituellement vers un Carême personnel. En effet, personne ne peut prier à ma place. La prière touche directement ma relation personnelle à Dieu. De même, la vertu de tempérance me concerne personnellement : j’aimerais parfois déléguer la maîtrise de mes passions corporelles à quelqu’un qui jeûnerait pour moi ! Pourtant, l’aumône (ou le partage) oriente mon regard vers l’autre, mon prochain que je suis appelé à aimer comme moi-même après avoir adoré et aimé Dieu !

La première tentation du Carême serait de se renfermer sur soi-même pour vivre ce temps comme l’occasion annuelle d’un développement personnel comme si la vie chrétienne n’était qu’individuelle alors qu’elle est aussi collective. Chaque matin, en priant le psaume 94 pour l’ouverture des Laudes, prière du matin de l’Eglise latine, nous adressons – tout autant que nous l’entendons – cette invitation : Venez… allons… puis entrez… adorons… et vivons un Carême communautaire  !

En français, le verbe s’entraîner est pronominal.
Il peut se lire à la première personne du singulier… de manière individuelle. Je m’entraîne à mémoriser une poésie en en répétant les mots. En faisant des gammes sur un instrument, je m’entraîne à le jouer avec aisance…

Il peut aussi se lire à la première personne du pluriel… de manière collective…

… tout d’abord, par l’encouragement que j’adresse aux autres : pendant ce Carême, je fais l’aumône, je prie et je jeûne… : viensfaisons-le ensemble… Saine émulation ! Exemple des parents et des éducateurs ! Pour autant, bannissons toute hypocrisie ! Nous ne vivons pas le Carême pour être vus des hommes mais de notre Père qui est aux cieux… et pourtant, nous avons besoin que nos efforts concrets traduisent notre conversion… Si quelque chose doit se voir, c’est bien notre joie de vivre le Carême ainsi que notre charité : « voyez comme ils s’aiment ! »

… c’est pourquoi, d’emblée, nous voulons éviter de nous regarder dans le miroir pour une autoévaluation narcissique à la fin du Carême : réussi ou raté… à mes yeux ! Pour cela, entrons donc dans le Carême comme les membres du Corps que nous formons pas la grâce de Dieu. C’est bien toute l’Eglise qui entre en Carême et qui vit ce temps d’entrainement. Le corps, dans chacun de ses membres, veut résolument être purifié pour se renouveler dans la vigueur que lui donne Jésus, son Sauveur et son Epoux. J’y prends part ! J’y prends ma part ! Venez, entrez avec joie dans ce temps béni d’une quarantaine de jours et de nuits… allons tous ensemble, adorons le Seigneurmarchons avec confiance vers Pâques.

Dans notre paroisse d’Orange – Caderousse, les membres du conseil pastoral et les prêtres ont discerné et décidé que notre Carême, dans sa dimension collective, associerait les verbes s’entraîner et s’entraider. Il ne s’agit donc pas de vivre le Carême comme les athlètes de sports individuels qui ne s’entraîneraient aux côtés de leurs concurrents que pour se situer dans leurs performances.

Il s’agit de nous aider mutuellement, de nous connaître, de nous respecter, de nous encourager par le bon exemple, de nous pencher sur les plus faibles ou les plus lents, d’offrir à nos frères et sœurs ce que nous pouvons… parce que nous sommes tous des étrangers de passage dans la même maison… (telle est la signification du mot paroisse). Nous sommes toujours en chemin vers le Ciel, la Vie éternelle que Dieu nous a promise et que Jésus nous a acquise !

Pour découvrir nos efforts communs, merci de prendre, dès ce dimanche, les feuillets qui présentent notre Chemin de Carême vers Pâques 2024. Ces efforts seront rappelés au fur et à mesure de notre sainte quarantaine !

Père Michel Berger, curé