Portrait de prêtre : Père Vincent De Martino

28 janvier 2017

Le Père Vincent de Martino est curé de Cavaillon. Il appartient également à la Congrégation des Pères de la Doctrine Chrétienne, congrégation fondée par le Bienheureux César de Bus.

La paroisse de Cavaillon est-elle dédiée à être toujours conduite par des Pères doctrinaires  ?

Nous l’espérons, mais rien n’est sûr.


Depuis quand êtes-vous curé de Cavaillon  ?

Je suis curé depuis 2002. Je suis en France depuis 1996, donc voilà 20 ans que je suis dans la paroisse, et 14 ans que j’en suis le curé.


Avant vous, y a avait-il d’autres Pères doctrinaires ici  ?

Nous sommes arrivés à Cavaillon en 1985. Mais notre premier pied-à-terre en France a été en 1966 à Cheval-Blanc. Nous avons donc fêté nos 50 ans de présence en France...notre retour en France  !


Votre maison générale est à Rome. Comment le retour de votre congrégation en France est-il advenu  ?

Dans les années 60, des prêtres de la Congrégation ont exprimé le désir de retourner sur les terres du fondateur. Le Supérieur de l’époque a envoyé un courrier à Monseigneur Urtasun, l’évêque d’Avignon de l’époque. Celui-ci lui a répondu qu’il ne pouvait pas nous donner Cavaillon, mais que si on tenait vraiment à venir, il pouvait nous confier la paroisse de Cheval-Blanc.
Le premier prêtre de la Congrégation est donc arrivé à Cheval-Blanc.
Vingt années plus tard, Monseigneur Bouchex a demandé à la Congrégation si elle voulait s’occuper de Cavaillon. Ainsi sont arrivés 2 prêtres italiens et un prêtre brésilien.
Providence  ? Car les possibilités « statistiques » étaient quasiment nulles de pouvoir débarquer dans un diocèse ainsi, de trouver la porte ouverte dans cette paroisse qui, pour nous, était chargée de sens tant pour la naissance et la vie du fondateur que pour la fondation de notre congrégation  !

Cela aurait pu être aussi à l’Isle-sur-Sorgue  ?

Oui, car c’est à l’Isle que les premiers douze doctrinaires se sont rencontrés et c’est là, qu’avec César de Bus, ils ont rédigé les statuts en 1592.

En quoi dépendez-vous directement de votre Congrégation  ?

Pour la vie interne de la communauté, pour nos déplacements, pour les nominations, nous dépendons de nos statuts et de notre Supérieur. C’est lui qui me dira par exemple si je m’en vais, si je reste, s’il envoie d’autres prêtres, tout cela en fonction de la situation qui se créera. En ce qui concerne notre service dans le diocèse, nous dépendons de l’évêque et des directives diocésaines.

Du coup, vous rendez-vous compte, qu’en tant que curé de Cavaillon depuis 14 ans, vous êtes dans une situation privilégiée  ?

Je ne sais pas si elle est vraiment «  privilégiée  »  ! Je me rends compte que cette situation n’est pas courante : un prêtre restant curé pendant 15 ans, surtout ces dernières décennies, ce n’est pas courant  ! Personnellement, je me sens bien, j’ai appris à gérer, même si c’est avec beaucoup de fatigue quelquefois. Oui, c’est quelquefois un peu lourd, car la paroisse fait 27 000 habitants, avec aussi les Vignères (même s’il y a un prêtre là bas). Et puis, le changement continuel des prêtres dans ma paroisse me donne du travail. En 2002 , on était 4 prêtres, on est passé à 3, puis 2  ; j’ai failli ensuite rester seul, alors l’Evêque m’a envoyé des prêtres pour m’aider  ; mais, globalement, le fait que chaque année ou tous les 2 ans, un prêtre s’en va, me fait recommencer à zéro avec le nouveau qui arrive. La paroisse a un rythme un peu chargé et il me faut veiller à ce que les nouveaux prennent le rythme pour pouvoir me soulager un peu. On a, par exemple, presque 200 enterrements par an : rien que la gestion de cela chamboule tout un programme d’activités paroissiales autres, qu’on s’était donné  ! Car cela s’apprend, au jour le jour, d’être prêtre.

Est-ce que vous voulez dire que la Congrégation vous aide en vous envoyant des prêtres  ?

Oui, en 2014 est arrivé le Père Charles et en 2015, le Père Joseph. Ils sont mes confrères et collaborateurs paroissiaux. Leur séjour en France, pour le moment, est prévu pour une durée de trois ans.

Ceci dit,votre stabilité dans la paroisse, même si elle est pesante pour vous, doit engendrer des relations particulières avec les personnes  ?

Pour moi, quand un prêtre reste longtemps dans une paroisse et que ça se passe bien, ce n’est pas le temps qui compte  ; il est vrai que cela stabilise aussi un rythme de vie avec les collaborateurs de la paroisse, avec l’ensemble des paroissiens.
De manière générale, il me semble qu’on peut partir de sa paroisse pour plusieurs raisons :
• on peut partir parce qu’on ne se sent plus de continuer, parce qu’on a envie de faire autre chose ou de faire une pause  ;
• on peut être affecté à une autre mission, soit par l’Évêque soit par nos supérieurs, si ceux-ci estiment qu’on a besoin de nous ailleurs, par exemple,

Mais le fait de changer trop fréquemment les prêtres dans une paroisse (curé comme vicaires d’ailleurs) cela déstabilise plus que cela ne consolide  !
Mais, je le répète, la condition en amont de la stabilité est que le prêtre fasse bien son travail et se trouve bien dans sa paroisse. Cela n’empêchera pas toutefois que des paroissiens ne l’apprécient pas ou qu il soit déplacé tout de même par les autorités légitimes  !

Pour moi, 15 ans dans une paroisse, cela ne me gêne pas, au contraire, cela m’a apporté plus que ce que j’ai pu donner  ! Moi, il me faut du temps, je suis un peu « lent » dans mon apprentissage des choses. Donc pour moi, le temps ne compte pas : c’est la vie qui compte  !

Donc la vie est belle à Cavaillon  ?

Oui, elle est belle, même si elle est fatigante, même si les tensions ne manquent pas de temps en temps...mais cela fait partie de la vie.
Le christianisme nous fait porter un idéal et nous vivons un idéal  ; mais ce que nous n’acceptons pas, c’est que cet idéal ne se réalise pas comme je veux, quand je veux  ! Or c’est Dieu qui décide quand et où  !
Quand on s’est donné à fond dans tout, tout ce qu’on a à se dire, c’est que nous sommes des serviteurs inutiles. C’est une réalité : tout ce que nous avons fait est un devoir.

Est-ce que cela veut dire que du recul sur toutes activités ou actions pastorales est nécessaire, et est- ce que cela veut dire aussi qu’il faut prendre en considération son propre caractère  ?

Oui bien sûr. Le monde, en général, a une image du prêtre qui ne correspond pas à la réalité. On ne voit jamais la dimension humaine des prêtres. Le prêtre doit être toujours accueillant, toujours souriant, n’être jamais en colère etc ...mais cela est plus une image qu’une réalité  !
Le prêtre a le devoir de devenir un homme. Si on ne devient pas pleinement homme, on ne peut pas comprendre l’Évangile.
La vocation de chacun est de devenir homme (ou femme). Le mystère de l’Incarnation nous en dit beaucoup  ; ensuite, sur cette humanité, vient se « brancher », en quelque sorte, l’appel à devenir fils de Dieu. Enfants de Dieu, nous le sommes tous, chaque être humain. Devenir« fils de Dieu » c’est autre chose  ! Être baptisé c’est fait  ! ce qui est en « devenir » c’est d’être chrétiens à l’image du Christ pour devenir des Fils  !

Est-ce ce que vous dites aux personnes qui viennent demander le baptême  ?

Oui, on me demande souvent : «  Que sont les enfants qui ne sont pas baptisés  ?  »
Si Dieu insuffle la vie en tout être humain qui vient au monde, c’est donc que tout être venant au monde est enfant de Dieu. La dimension de devenir fils est autre : il faut découvrir qu’on a un Père, que ce Père est un vrai père dans la plus haute qualification du terme (avec les dimensions de père, mère, frère ou sœur en Lui). Et on doit alors se sentir fils de ce Père. Cela arrivera un jour quand je dirais avec la même conviction que Jésus : « abba » (papa  !).


Comment, vous qu’on appelle Père, accueillez-vous le fait que vous deveniez fils du Père  ?

Je suis en transformation, en évolution (ou involution  ?), ça dépend des moments, dans ce sens de devenir fils...mais aussi, vous avez raison,on m’appelle Père. «  Ne vous faites pas appeler Père sur la terre  »  ! Cela me pose des soucis même si je n’en fais pas un drame. Cette terminologie a évolué pendant l’histoire : le prêtre ou le religieux devait refléter la responsabilité pastorale qu’il avait auprès d’une communauté, donc avoir l’instinct ou l’attitude du Père. Donc on devait transmettre cette image du prêtre. Le fait qu’on nous appelle Père n’est pas à prendre dans un sens paternaliste, mais bien plus dans un sens pastoral. C’est une sorte de délégation que Dieu fait à cause de la vocation de prêtre.
Mais au-delà de ça, le prêtre, lui aussi, est appelé à une conversion en développant cet instinct de fils de Dieu.

La dimension sacerdotale du baptême -t-elle un lien avec ce que nous venons d’évoquer  ?

Au moment de l’onction avec le Saint Chrême, nous rappelons cette dimension qui est une mission  ; ce n’est pas un état surnaturel qui transforme la nature, mais c’est une mission, que Dieu nous confie. Avec l’onction, Il nous donne la grâce nécessaire pour accomplir cette mission triple d’être prêtre, prophète et roi. La mission fondamentale du prêtre est la prière : porter dans la prière, accompagner, aider à prier une communauté, à être aussi intercesseur. Prophète, car nous portons la Parole de Dieu, en étant des hommes de la Parole et non de paroles  ; nous portons le message d’un autre, mais surtout dans la dimension suivante : «  Sur ta parole, je vais jeter les filets  » (Luc 5, 5)
Et le roi, c’est celui qui se soucie, avec amour, du bien de son peuple.
Ces trois dimensions de la vie du baptisé peuvent se résumer ainsi : en étant fils de Dieu, sa mission dans le monde est de vivre dans la charité en portant la Parole.

C’est la mission de tout baptisé  ?

Oui, on a trop tendance à croire que tout revient au prêtre  !

Est-ce que cela vous a appris à déléguer  ?

Cela dépend des points de vue  ! Beaucoup me disent que j’en fais trop, mais j’ai d’autres échos de personnes ravies de pouvoir faire ce qu’elles veulent. Ceci dit, s’entourer de collaborateurs est plus facile quand le prêtre reste longtemps dans une paroisse.
En tous les cas, pour moi, en 20 ans, j’ai changé en tant qu’homme et prêtre. J’ai évolué (ou j’ai régressé), la stabilité étant impossible, ni dans la vie naturelle, ni dans la vie spirituelle. Donc on est obligé à se forcer à avancer, sinon on recule.

Cette instabilité invite à se sentir tout petit devant Dieu qui est seul à être stable  ?

Oui, Dieu est le Seul mais on rentre là dans une dimension en dehors de l’espace et du temps. Humainement, cette stabilité divine n’est pas compréhensible, on peut seulement en avoir l’intuition ou des indices. Dieu nous donne des épreuves à passer parce que, dans l’épreuve, on peut découvrir qui on est, et on trouve Dieu.

Avancer durant ces 20 années de sacerdoce, cela fait-il découvrir la fidélité  ?

Oui, c’est la manière équilibrée qui fait de toi, avec le temps, ce que tu es, avec une sérénité de fonds  ; sinon, tu peux faire semblant d’être épanoui avec des artifices.

Donc connaissance de Dieu et connaissance de soi sont liées  ?

Oui, et comme la connaissance de Dieu ne s’épuise jamais, donc la connaissance de soi non plus  ! L’homme est d’une profondeur infinie  ; on veut le définir par des caractères ou autres mais nous ne savons pas la profondeur de notre humanité à l’image de Dieu. Cela peut nous faire paniquer, mais avant tout, restons humbles. Ce n’est pas ma fonction de curé qui est fondamentale : c’est d’être prêtre  ! Être curé m’a appris un sens plus grand de la responsabilité (pas de l’autorité), mais ce qui fait ce que je suis, c’est le fait d’être prêtre. Je ne fais pas le prêtre, je le suis.

Prêtre, vous l’êtes, mais est-ce qu’aussi vous le devenez  ?

Oui, tout comme nous sommes des chrétiens en devenir  ; il ne suffit pas d’être baptisés. On a un potentiel de sainteté et nous devons devenir des saints : on apprend, dans le sacrement de l’ordre à devenir prêtre, tout comme on apprend, dans le mariage, à devenir couple, au jour le jour. Jamais stable mais toujours en « devenir ».

Quelles sont vos fondations pour avancer dans votre devenir de prêtre  ?

Je vais dire une réponse qui peut paraître simpliste, mais c’est Dieu qui me fait tenir. Chaque jour est un jour nouveau, en quelque sorte  ; mais dans toute nouveauté, il faut toujours tenir ce lien. Saint Augustin, dans une ambiguïté apparente, arrive à donner le bon ordre : «  Dans la vie, nous devons faire tout, comme si tout dépendait de nous, tout en sachant que tout dépend de Lui  ». Cette phrase gêne beaucoup l’esprit humain.

Effectivement on a l’impression de marcher sur une crête  !

Exactement, j’ai toujours eu cette image de crête depuis mon plus jeune âge. Pour rester, avancer, évoluer, pour tenir, c’est comme si je marchais sur le fil de la lame d’un couteau -image encore plus terrible que celle de la crête-  ! On ne peut pas se permettre le luxe de s’asseoir, sinon la lame nous coupe en deux et on devient une doublure de soi-même. Il faut rester sur le fil de la lame si donc on veut être soi-même.

Peut-on s’illusionner en tant que prêtre  ?

Largement  ! On est soumis à un danger encore plus grand, car nous sommes prêtres donc dans le domaine du spirituel. Marcher sur le fil du couteau, cela veut dire que tu ne peux pas y parvenir avec tes propres forces. Il te faut quelqu’un qui te tienne, à qui tu laisses la charge de te mener. Je pourrais prendre aussi une image moins « saillante » : les 2 faces d’une piécette. Donc soit tu crois t’installer dans le bien, soit tu crois que ta vie est fichue parce que tout a basculé dans le mal. L’un comme l’autre des côtés est dangereux. Donc l’unique chemin est de se maintenir debout et avancer sur le fil du rasoir…ou sur le fil de la piécette. Mais avec le Seigneur  !
Croire qu’on est arrivé, qu’on est bien et grand cela arrive à tout le monde, consacré, croyant ou athée  !
En fait, l’illusion porte inévitablement, tôt ou tard, à la désillusion : on l’a tous expérimenté  ; maintenant, il y a des cas plus graves : on peut marcher dans l’illusion longtemps et être tout à coup désabusé  ; et quand la déception est trop grande, on risque d’être écrasé.

Il y a aussi des personnes qui seront dans l’illusion toute leur vie  !

L’Évangile vient alors à notre secours : «  Seigneur, alors, qui peut être sauvé  ?  » Rien n’est impossible à Dieu et la volonté de Dieu est que tout homme soit sauvé  !

On dit qu’un prêtre est prêtre pour l’éternité. Qu’est ce que cela évoque pour vous  ?

La théologie fondamentale des sacrements nous dit que quand un sacrement est donné, rien au monde ne peut l’enlever  ; on peut changer de vie, et même devenir athée, mais la marque du baptême reste, tout comme la marque du mariage (c’est pourquoi beaucoup on du mal à comprendre son indissolubilité) Même un prêtre qui s’éloigne de son ministère, qui change de vie, se marie et devient le pire athée de la terre, si, un jour, il lui arrive de baptiser quelqu’un ou de donner le pardon à quelqu’un, quoique illicite, ce pardon est donné par le Christ. C’est ce qu’enseigne l’Église depuis toujours.
Et j’en suis heureusement convaincu  !

Être prêtre pour l’éternité , cela vous donne-t-il de l’assurance pour avancer  ?

Oui, si on veut être dans cette optique, le but est de rassurer. Donc le prêtre doit arrêter de stresser, même si bien sûr, on peut se mettre en colère, pleurer aussi – ce qu’on n’imagine pas de nous  !-
En contrepartie, quand je vois ce qui est bon mais que je n’y arrive pas, je dis merci Seigneur, pour l’Évangile, pour les apôtres pour tous ceux qui se sont laissés porter par le Seigneur sur ce fil et nous ont laissé ce témoignage  ! C’est là, la responsabilité de chacun d’accepter, de comprendre, de choisir, car demain ce sera à chacun de rendre des comptes personnellement. Là est la liberté. Donc en tant que prêtre, comprendre de plus en plus le ministère, avoir aussi la joie des signes de la présence de Dieu à travers nous, cela permet d’avancer tous les jours.
Oui, notre existence est invivable sans Dieu  ! On peut arriver à une telle conclusion dans une optique de foi.
En fait c’est une éternelle lutte qui se présente, dans le temps sous des aspects différents : violence, indifférence, avidité, fausseté, importance de l’image, tous les maux de l’âme humaine  !J’avoue que j’ai du mal avec tout ça  ! Et il faut se méfier du calme apparent d’une période où tout va bien, car c’est sans doute là qu’il faut se préparer à une tentation encore plus forte  !
Si on ne regarde pas la vie en face dans sa réalité, on fausse tout : les décisions pour sa propre vie, les décisions politiques, sociales, spirituelles.

Donc pour devenir fils de Dieu il faut être complètement dans la réalité  ?

Oui, je dirais même que pour être complètement humain, il faut se diviniser. Il n’y a que le Christ qui était humain et divin cent pour cent. Parfait  !

Mais pour le plus grand nombre, devenir divin ne concerne que le spirituel  ?

C’est pour cela qu’il est essentiel avant tout, d’être humain complètement dans la réalité, dans la vérité. Un des gros obstacles à cela est que nous avons tendance à nous dédouaner de cette part : si les autres ne sont pas dans la réalité et la vérité, pourquoi moi devrais-je aller à contre-courant  ?
En fait, on n’a pas le choix dès qu’on veut suivre le Christ. Il nous faut aller à l’encontre et à la rencontre du monde, dans le sens évangélique : « vous êtes dans le monde mais pas du monde ». C’est le sens du mot « saint ou sainteté »(séparé  !).
Être saint, c’est être séparé, élu, choisi du milieu d’un peuple pour une mission, une transformation : être appelé par Dieu à sortir de ce monde, monde de la « chair » comme l’appelle Saint Paul, monde dans sa dimension « humaine » trop humaine, donc « dis-humaine », sans Dieu. Les saints et les saintes étaient des personnes « hors » du monde  ; ils ont d’ailleurs souvent beaucoup souffert pour cela, même à l’intérieur de l’Église  ; en effet, même dans l’Église, il faut être quelquefois « hors circuit »  !
Les saints sont hors circuit  ! Nous nous perdons souvent dans des élucubrations impressionnantes concernant la sainteté  ; moi aussi, d’ailleurs à certains moments de ma vie, avec beaucoup de sincérité d’ailleurs...mais la sincérité ne correspond pas toujours à la vérité  !
Mais voilà, avec le temps vient la maturation du prêtre : pour ma part, cette maturation est passée aussi par l’amitié, l’affection de tant d’hommes et de femmes, par l’accompagnement spirituel, le confesseur, par des fidèles laïcs amis...ou ennemis aussi  ; oui, j’en arrive à dire Merci au Seigneur pour des ennemis qui m’ont fait avancer et pour qui je prie  ; j’avoue que, là alors, je m’étonne moi-même, époustouflé  !

Donc le devenir du prêtre ne se fait pas qu’à travers une relation à Dieu mais nécessite un tissage de relations humaines  !

Oui car Dieu, personne ne l’a jamais vu, sauf quelques visionnaires mystiques. «  Heureux ceux qui croient sans avoir vu  !  ». Cependant, c’est parce que nous avons des épreuves que nous avons parfois des "preuves", des signes de la présence de Dieu qui nous sont donnés personnellement.

Pour terminer, qu’est ce qui fait votre joie de prêtre ici à Cavaillon  ?

Mes paroissiens...dans le bonheur ou dans l’épreuve… c’est une sorte de mariage  !
Je porte ma journée dans la prière, je la dépose devant la Seigneur et plus on fait ça, plus les choses se facilitent dans la mission de la pastorale et d’évangélisation. Et ainsi, plus le travail se fait lourd, plus les choses se passent bien. Un jour, un vieux prêtre de ma Congrégation m’a dit : «  Tu sais, si tu es en France, ce n’est pas parce que tu es le plus beau ou le plus intelligent, mais c’est parce que Dieu te veut là  !  »
Donc je ne pose plus de questions  !