Portrait - L’expérience de Dieu avec la communauté Shalom : Vinicius

3 février 2020

Vinicius fait partie de la communauté catholique Shalom, communauté fondée au Brésil, avec un rayonnement aujourd’hui international.
Entretien réalisé par Martine Racine, pour l’émission Pourquoi le taire ? sur RCF Vaucluse.

Vous devez avoir la trentaine ?

Oui, j’ai 29 ans.

Vous faites partie de la communauté catholique Shalom, qui a été fondée au Brésil, et qui est maintenant devenue internationale. Vous êtes venus avec un petit groupe de brésiliens, il y a combien de temps ?

Je suis arrivé sur Avignon en 2013, envoyé par la communauté pour continuer mon parcours de foi missionnaire ; je suis là avec joie, je ne m’attendais pas à venir en France, mais c’est avec joie que je suis là pour partager ma foi dans cette terre missionnaire aussi, qui a donné tellement de saints à l’Eglise.

En fait, vous annoncez Dieu ?

Oui, je suis missionnaire, et je le fais par plusieurs moyens : par exemple, par la WebTV du diocèse d’Avignon. Je travaille dans le service communication, c’est une de mes activités. Il y a une chaine sur Youtube où on met les vidéos du diocèse. Ca permet de retransmettre en direct des célébrations, faire des témoignages, des reportages, raconter ce qui se passe dans l’Eglise d’Avignon.

C’est de l’évangélisation ?

Oui, par les médias.

Et maintenant, ça a beaucoup de succès ?

Oui, les gens sont de plus en plus sur internet, de tous les âges, donc il faut habiter ce continent.

Nouveau continent que nous refusons souvent…il n’y a que les jeunes qui aiment ça !

Oui, mais en ce moment, c’est tous les âges qui sont sur internet, qui sont connectés, donc il faut que l’Eglise aussi y soit.

On ne peut pas passer à côté ?

Non.

Vous avez un prénom brésilien, êtes-vous né dans une famille pratiquante ?

Oui, heureusement. Ca m’a permis d’avoir les valeurs chrétiennes, ça m’a beaucoup aidé ; ça m’a permis de me poser les bonnes questions, sur le sens de la vie, l’avenir, ma mission sur terre. Ca m’a pas mal travaillé, et ça m’a fait aussi me tourner vers Dieu, justement.

Vous avez eu un grand malheur : vous n’avez pas connu votre père.

Oui, il est décédé quand j’avais 2 mois, donc je ne l’ai pas connu. C’est vrai que ça n’a pas été facile, surtout lors de mon adolescence, c’est le moment où un garçon a vraiment besoin d’un père. J’ai eu cette présence paternelle par mon grand-père, par des oncles, mais ça n’est pas pareil. Aujourd’hui je vois que le Seigneur a toujours été à mes côtés ; il protège toujours la veuve et l’orphelin : c’est ce qu’il a dit, et il le fait.

C’était votre Père ?

Oui

Vous avez eu un week-end assez incroyable...

Oui, ça m’a vraiment changé pour toute la vie, je m’en rappellerai toujours : c’était le 2 août 2009, un week-end pour des jeunes organisé par la communauté Shalom. Le premier miracle, c’est que j’y sois allé, parce qu’à l’époque, je me disais « faire des trucs avec des cathos, c’est pas trop mon truc, on va prier tout le temps… » Mais rien qu’en arrivant, j’ai vu la joie des personnes qui étaient au service. Je me disais « ces personnes sont en train de travailler, elles ne touchent rien, qu’est-ce qui les fait travailler dans la joie ? ». Ca m’a déjà ouvert à l’action de Dieu ; et on parlait de Dieu comme d’un ami, non pas comme un vieux barbu qui était loin et qui me surveillait, ça m’a vraiment touché. Pendant les moments de prière, c’était des prières pleines d’onction, de Saint Esprit, et en même temps dans la simplicité donc je n’ai pas eu de grande expérience extraordinaire, mais Dieu m’a parlé dans la simplicité, il m’a parlé dans ma langue et ça m’a vraiment touché.

Donc c’était un appel très fort de Dieu ?

Oui, je me disais « à quoi bon vivre, à quoi bon faire des efforts, si à la fin de ma vie, j’ai une maison, une famille…et après ? qu’est-ce qu’il y a ?
Cette expérience avec l’amour de Dieu m’a rempli, c’est comme si avant j’étais vide ; j’avais à peu près tout ce qu’un jeune pourrait vouloir, une maison, les études, un bon travail, des amis…mais à l’intérieur j’étais vide, c’était creux. Et Jésus est venu, Il m’a comblé. Et depuis ce jour-là le 2 août 2009, j’ai toujours été plein de sa présence. Ca ne veut pas dire que j’ai toujours été dans la joie et que je n’ai jamais eu de souffrance et de moments difficiles, mais j’ai toujours été habité par sa présence, c’est ce qui m’a donné la force de continuer les études, la vie, le travail, et c’est ce qui m’a fait aussi poser des questions sur ma vocation.

Votre vie est devenue pleine de sens, et vous vous êtes dit « il y a quelque chose de beau à faire » ?

Oui, le jour même, c’était un dimanche, pendant la messe, qui est pleine de joie, je me suis dit « cette expérience que je viens d’avoir, il faut que tout le monde l’ait, et je dois faire quelque chose pour partager cette expérience. »
Je regardais les personnes dans la rue, je regardais les visages, et je me disais « peut-être que cette personne ne connait pas Jésus et qu’elle n’a pas eu la rencontre que je viens d’avoir ; il faut que je fasse quelque chose, c’est un impératif. » Et c’est ce qui m’a fait poser des questions sur la vocation ; donc je me suis engagé dans un groupe de prière, dans des services. La question de la vocation se posait de plus en plus, et j’ai entamé un parcours de discernement vocationnel. Dans ce parcours, il y a une parole qui m’a beaucoup touché : « celui qui met la main sur la charrue et regarde en arrière n’est pas digne de moi. » Je dis cela car on doit parler de ma mère, quand je parle de mon témoignage : elle est veuve et elle a choisi de rester veuve, et je ne voulais pas la laisser seule. C’est cette parole qui m’a donné la force de continuer.

Est-ce que votre maman a accepté votre choix ?

Oui, elle m’a même encouragé. Ca m’a vraiment touché, le jour où on est allé déposer ma sœur pour qu’elle parte en mission.

Parce que vous avez une sœur engagée aussi , votre seule sœur ? Donc pour votre maman, c’était quand même très dur.

Oui, dès qu’on arrive à l’âge adulte, on part pour suivre Jésus. Et je me rappelle bien, le jour où on est allé emmener ma sœur, au retour ma mère venait de pleurer, ça se voyait, elle m’a dit : « Vinicius, si un jour tu dois quitter la maison pour suivre Jésus, je ne veux pas t’en empêcher. » A l’époque, je ne me posais pas vraiment ce genre de question, mais ça aussi, ça m’a aidé à faire ce choix difficile, mais plein de joie.

Elle vous a libéré ?

Oui, elle m’a même encouragé.

C’est magnifique !

Elle a accompli vraiment à fond sa mission de mère : elle ne m’a pas élevé pour elle, mais pour Jésus et pour l’Eglise.

Elle vous a donné ?

Oui

Maintenant vous êtes à Avignon, quelle est votre mission ?

C’est tout simplement d’évangéliser. Comment le faire concrètement ? il y a la webtv ; je fais aussi de l’accompagnement spirituel, comme un père spirituel : partager avec les gens, prier pour les gens individuellement.

Les gens que vous rencontrez ?

Que je rencontre, qui veulent faire un suivi spirituel. C’est surtout un accompagnement, être ensemble.

Avec quelqu’un qui parle de Dieu ? C’est vous, ça ?

Voilà, j’essaie. Je fais aussi de l’évangélisation de rue. Par exemple, dernièrement, j’ai parlé de Jésus à un jeune musulman. Et c’était marrant de voir que la semaine suivante, il est venu au groupe de prière avec un autre ami. Du coup, on s’est vus une soirée à prier pour deux musulmans devant le Saint Sacrement, à expliquer qui était Jésus, qui était l’Esprit Saint, une vraie catéchèse. C’était juste génial.
Il y a aussi l’histoire véridique d’une personne qui a connu une sœur de communauté ; c’était une maman célibataire, qui voulait avorter. Après cet accompagnement, cette jeune fille n’a pas avorté. C’est quand même un grand miracle.
Il y a aussi une rencontre que j’ai faite, avec un cycliste belge pendant le Festival d’Avignon. Il cherchait une maison pour la nuit, il est resté chez moi à la communauté, et on a pu pas mal discuter sur son mariage, sur sa vie, et le lendemain on a fait une belle prière à l’oratoire, ça nous a vraiment touchés.

Est-ce que Dieu vous parle toujours ?

Oui, Il me parle toujours, bien sûr dans la prière que je fais tous les jours – soit la prière personnelle ou en communauté -, mais Il me parle aussi par la vie, par ce qu’Il me demande, par les circonstances.

Il est présent comme au début ?

Il est présent comme au début, mais ce qui a changé, c’est ma perception, peut-être, c’est mon cœur qui est plus ouvert : je Le connais davantage, j’essaie de L’aimer davantage, je veux L’aimer davantage chaque jour. Et chaque fois, je me sens plus proche de Lui.

Vous le trouvez avec l’aide de la bible ?

Oui, j’ai la joie de prier tous les jours avec la bible, la liturgie du jour, et c’est une rencontre, celle que j’ai faite en 2009, qui s’actualise, se rafraichit tous les jours dans la prière.

Donc vous êtes heureux ?

Très heureux d’être ici en France, d’être en mission, de pouvoir partager ma foi, de voir que ça marche, peut-être pas comme on le voudrait, mais c’est Dieu qui donne la fécondité à ce qu’on fait, et c’est très bien d’être en France et en mission.

Comment ça se passe pour votre maman au Brésil ?

Figurez-vous qu’après quelques années en communauté, elle aussi est entrée dans la communauté. Et maintenant, si elle n’a pas ma présence, elle a aussi la Communauté qui la porte donc c’est vraiment la Providence de Dieu qui passe aussi par sa vocation, car c’est une vraie vocation, et je suis très heureux de savoir qu’au Brésil elle a aussi des frères et sœurs. Elle a cent fois plus, comme c’est promis dans l’Evangile !

Donc c’est un beau cadeau, Dieu s’en occupe !

Oui, on s’occupe des choses de Dieu, et Il s’occupe de nous !