Question : Père François de Sales, quelle est la tradition de l’accueil des hôtes chez les bénédictins ?
Réponse : Cette tradition remonte au 6°siècle. La règle de St Benoît mentionne que les moines se consacrent à l’accueil des hôtes, car le Christ se cache dans chaque hôte. Cet accueil fait vraiment partie de notre vie monastique.
Dans l’Évangile du jugement dernier, le Christ félicite ceux qui ont pratiqué l’accueil. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » Matthieu, 25, 35
Question : Comment St Benoît pratiquait-il l’accueil des hôtes ?
Réponse : St Benoît reçoit l’hôte en priant d’abord avec lui, puis suit une lecture brève de la Sainte Écriture. Ce n’est qu’après qu’il le reçoit concrètement, il lui lave les mains et les pieds et il lui donne à manger. C’est même le père abbé qui mange avec lui.
St Benoît nous dit qu’on doit recevoir tous les hommes, d’abord les chrétiens, puis les pauvres, les étrangers et les riches...
Mais évidemment, la prudence est de mise car des personnes mal intentionnées peuvent se glisser parmi ces hôtes. Le père hôtelier doit être un homme avisé qui fait preuve de discernement. Charité et prudence sont les maîtres mots.
Les hôtes vivent à part de la communauté et ne sont pas dans la clôture.
Question : Comment pratiquez-vous l’accueil aujourd’hui au Monastère du Barroux ?
Réponse : Je suis père hôtelier depuis 30 ans et j’essaye vraiment de mettre en pratique le principe de St Benoît. C’est à dire d’accueillir le Christ dans la personne que je reçois. Ce n’est pas comme un accueil dans un hôtel : les personnes laissent l’offrande qu’elles souhaitent : l’essentiel est qu’elles soient heureuses en repartant de s’être rapproché du Bon Dieu.
Notre monastère a 3 atouts. D’abord c’est la beauté du cadre qui touche les gens ; Une vue imprenable sur le château du Barroux, les dentelles de Montmirail et le Mont Ventoux.
Nos bâtiments sont aussi très beaux. Notre abbatiale inspirée de l’art roman, invite à la prière.
Notre communauté, composée de 60 moines de 8 nationalités, donne un témoignage par sa jeunesse et son dynamisme.
En ce qui concerne l’accueil proprement dit, il existe une hôtellerie interne pour les messieurs qui mangent au réfectoire avec nous et assistent aux offices avec nous ; cela représente environ une douzaine de personnes par an.
Il existe une aumônerie extérieure pour l’accueil des groupes et des dames, qui sont indépendantes pour les repas ; cela représente environ 50 personnes par an.
Nos sœurs bénédictines sont à 3 km et reçoivent aussi beaucoup de personnes , des familles et des jeunes femmes.
Nous avons donc au total 3 pôles d’hôtellerie.
Question : Que viennent chercher les gens aujourd’hui dans des abbayes comme la vôtre ?
Réponse : La population que nous recevons est très diversifiée : du SDF au Cardinal !
On accueille des routards, ils mangent avec nous et dorment dans un bâtiment tout neuf qui leur est réservé !
Notre accueil dans l’hôtellerie est très diversifié mais le point commun entre eux est une certaine recherche de Dieu.
Dans notre monde matérialiste, les personnes ne trouvent plus le bonheur qui comble l’âme ! Le plaisir des sens a une limite et ne contente pas l’homme qui a une grande soif spirituelle.
Beaucoup se tournent vers l’occultisme ou les sectes, mais aussi vers les lieux spirituels comme ici. Dans un monastère, les personnes en quête de sens trouvent du spirituel dans les offices, les lectures et les entretiens avec les moines. On répond à des questions essentielles de la vie : D’où je viens ? Qui suis - je ? où je vais ? Les moines peuvent comprendre les personnes en quête de spirituel car beaucoup sont eux- mêmes des convertis. Les jeunes sont très majoritaires parmi nos hôtes car ils trouvent chez les moines des « grands frères » avec qui ils peuvent discuter, prier, manger et travailler ! La devise des moines étant « Ora et Labora » (prie et travaille).