Dans son homélie du 16 février 2025 pour le Jubilé des artistes le pape François écrivait :
« L’art authentique est toujours une rencontre avec le mystère, avec la beauté qui nous dépasse, avec la douleur qui nous interroge, avec la vérité qui nous appelle. »
« L’art n’est pas un luxe, mais une nécessité de l’esprit. Il n’est pas une fuite, mais une responsabilité, un appel à l’action, un avertissement, un cri. »
En tant que délégué épiscopal à la culture il me semblait important de vivre aussi cet événement dans le cadre du festival d’Avignon qui est l’une des manifestations culturelles majeures du Vaucluse, internationalement reconnue dans le monde du théâtre. Il sera donc proposé dans la cité des papes non seulement aux artistes, particulièrement aux comédiens, mais aussi à tous les amoureux de l’expression artistique sous toutes ses formes, deux journées jubilaires les 4 et 6 juillet 2025 au commencement d’une nouvelle édition du festival.
Comme l’écrivait Jean-Paul II dans sa lettre aux artistes de 1999, en préparation du jubilé de l’an 2000, « la première page de la Bible nous présente Dieu quasiment comme le modèle exemplaire de toute personne qui crée une œuvre : dans l’homme artisan se reflète son image de Créateur… Dans la création artistique, l’homme se révèle plus que jamais image de Dieu, et il réalise cette tâche avant tout en modelant la merveilleuse matière de son humanité, et aussi en exerçant une domination créatrice sur l’univers qui l’entoure ».
Le vendredi 4 juillet :
Réflexion philosophique et méditation biblique marqueront cette journée. C’est par une conférence de Carole Talon-Hugon, professeur de philosophie à la Sorbonne et spécialiste d’esthétique, que s’ouvrira le jubilé des artistes.
« Chers artistes, je vois en vous des gardiens de la beauté qui savent se pencher sur les blessures du monde, qui savent écouter le cri des pauvres, des souffrants, des blessés, des prisonniers, des persécutés, des réfugiés. » (Pape François)
La soir, à la Métropole Notre-Dame des Doms le comédien Mickaël Winum, lancera les paroles de Qohèleth, le grand oublié de la liturgie de l’Église. Son talent d’interprète nous immergera dans l’univers de sagesse de cet ovni biblique aux interrogations d’une modernité étonnante. Celui qui se présente à nous comme un roi comblé de richesses pose la question fondamentale du sens de nos activités humaines, en ouvrant son recueil de sagesse par cette question : Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Le livre de Qohèleth ou Ecclésiaste incarne bien « la paix de l’inquiétude », expression utilisée par le pape François dans l’homélie du 16 février 2025 adressée aux artistes par la voix du cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet pour la culture : « Ne cessez jamais de chercher, d’interroger, de risquer. Parce que le vrai art n’est jamais confortable, il offre la paix de l’inquiétude. »
Le dimanche 6 juillet :
Mgr Fonlupt présidera à 11h dans l’église saint Symphorien / les Carmes, au cœur du festival d’Avignon, une messe pour le jubilé des artistes. Ce sera l’occasion de rendre grâce à Dieu pour le don des artistes.
« Vous, hommes et femmes de culture, vous êtes appelés à construire des ponts, à créer des espaces de rencontre et de dialogue, à éclairer les esprits et à réchauffer les cœurs… Et rappelez-vous : l’espérance n’est pas une illusion ; la beauté n’est pas une utopie ; votre don n’est pas un hasard, c’est une vocation. Répondez avec générosité, avec passion, avec amour. » (Pape François)
Les artistes seront acteurs de cette messe jubilaire par le chant, la musique, la proclamation des lectures bibliques et la prière universelle.
Le jubilé des artistes se clôturera à la basilique saint Pierre par l’inauguration et la bénédiction par Mgr Fonlupt de la statue de saint Genest, saint patron des comédiens à 16h et par la représentation théâtrale du « véritable saint Genest » à 18h .
Dans cette pièce baroque chrétienne de 1646 Jean de Rotrou nous présente la conversion sur scène d’un comédien de la cour de l’empereur Dioclétien, Genest de Rome, devenu après son martyre le saint patron des comédiens. La troupe de Bourbon a joué à nouveau ce chef d’œuvre oublié lors du festival off 2024 après une absence de plus de 25 ans, véritable déclaration d’amour aux comédiens et au théâtre, plaidoyer vibrant en faveur de la réconciliation du monde du théâtre avec celui de la foi et de l’Église.
« Quand Rotrou consacre une pièce au saint patron des comédiens, Genest, il ose ce que personne n’avait jamais osé faire avant lui : faire primer le mérite sur la naissance, défendre la liberté de croire et faire de Genest un saint non pas bien que comédien, mais parce que comédien » (présentation de la pièce par la troupe de Bourbon).
L’installation de la statue de saint Genest comme lieu de mémoire et de dévotion dans la basilique saint Pierre ainsi que la représentation unique du « véritable saint Genest » permettront en cette année jubilaire de sortir de l’oubli Genest et de lui donner la place qu’il mérite dans la cité des papes et la capitale du théâtre mondial.
"Il est temps de passer du théâtre aux autelsSi je l’ai mérité, qu’on me mène au martyre ;Mon rôle est achevé, je n’ai plus rien à dire." Saint Genest dans la pièce de Rotrou