Homélie de la Vigile Pascale : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »

9 avril 2023

Donnée samedi 9 avril 2023, en l’église Saint-Symphorien-Les Carmes à Avignon.

Qu’est ce qui pourrait bien ouvrir un horizon pour nos vies

  • quand, en tant de lieux, la paix est désespérément attendue,
  • quand la solidarité entre les générations reste à construire,
  • quand le travail de chacun est à reconnaître et à valoriser de façon juste,
  • quand la violence semble l’emporter et révèle le déchirement de notre tissu social,
  • quand la vie est en attente d’être accueillie, respectée, servie, parce qu’elle est fragile, et qu’elle dépend de la présence, de l’attention de chacun, de la relation maintenue, de l’espérance signifiée ?

Qu’est ce qui pourrait bien ouvrir un horizon à nos vies alors que tant de manières elles sont fragilisées, secouées… ?
Ces questions sont nos questions, celles de notre société et de notre humanité en tant de lieux où la vie est blessée lourdement.

Avec sa force et sa puissance, la liturgie du carême et de la semaine sainte nous a amenés à méditer sur la violence qui habite les hommes, sur l’opposition, sur le rejet, sur l’écrasement du faible. Mais aussi à nous enraciner dans la promesse de notre Dieu et sa fidélité. A situer nos propres souffrances au sein même de celles du Christ.

En cette nuit, voilà que nous sortons du temps de la violence, de la souffrance et du silence de la mort pour laisser jaillir la joie de l’annonce de la Pâque.

Déjà en ce matin du samedi, une homélie ancienne nous le disait :

C’est moi ton Dieu qui, pour toi, suis devenu ton fils ;
C’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez.
A ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés.
A ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

Et nous l’avons chanté :

Qu’éclate dans le Ciel la joie des anges,
Qu’éclate de partout la joie du monde,
Qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu !

Nous avons alors fait mémoire, méditant comment, dans les temps passés, Dieu a sauvé son peuple, et comment, dans ces temps qui sont les derniers, Il nous envoie son Fils comme Rédempteur.

Fidèle à sa promesse de nous rassembler en sa tendresse, il l’accomplit, et nous proclamons en cette nuit sa réalisation. Notre Dieu ne cesse pas - maintenant encore - de faire resplendir ses merveilles d’autrefois, Il assure le salut de toutes les nations et celui de chacun en le faisant renaître par les eaux du baptême.

Cette grande nouvelle est pour nous tous, elle l’est particulièrement pour vous aujourd’hui les catéchumènes que l’Eglise accueille.

Pour vous qui, par le baptême, allez être unis au Christ Jésus. Unis à sa mort, mis au tombeau avec lui, pour mener une vie nouvelle. En vous accompagnant dans l’accueil de ce don, vous nous donnez à tous de nous rappeler ce que nous avons reçu, et qui nous fait vivre. 

Seigneur, comble-les de ta vie, et ravive-en eux et en ton Église l’Esprit qui fait de nous des fils.

Cela est d’une puissance inouïe… mais le signe qui en est donné est bien fragile : 

Le premier jour de la semaine, de grand matin, les femmes se rendent au sépulcre, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrent, mais ne trouvent pas le corps du Seigneur Jésus. Elles ne savent que penser… Il leur faut alors entendre cette question et la laisser résonner en leur cœur : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » pour qu’alors, elles se rappellent ses paroles.

Ce soir, en cette nuit, c’est la même interpellation qui nous est adressée : Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est le Vivant. Cherchez-le plutôt au cœur des fragilités et des renouvellements de vos vies et de la vie des hommes.

Rappelez-vous sa Parole.
Rappelez-vous le don de sa vie
Rappelez-vous, et annoncez-le.

Amen

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon