Catéchèse du Pape sur la Pâque de Jésus : Le mystère du tombeau neuf

21 septembre 2025

Dans l’audience publique du mercredi 17 septembre 2025, le Pape Léon XIV affirme : « même dans le tombeau, Dieu prépare la plus grande surprise »

Chers frères et sœurs, dans notre cheminement de catéchèse sur Jésus, notre espérance, nous contemplons aujourd’hui le mystère du Samedi Saint.
Le Fils de Dieu repose dans le tombeau. Mais cette “absence” n’est pas un vide : c’est une attente, une plénitude retenue, une promesse gardée dans l’obscurité.

C’est le jour du grand silence, où le ciel semble muet et la terre immobile, mais c’est précisément là que s’accomplit le mystère le plus profond de la foi chrétienne. C’est un silence lourd de sens, comme le sein d’une mère qui garde son enfant non encore né, mais déjà vivant. Le corps de Jésus, descendu de la croix, est soigneusement enveloppé, comme on le fait avec ce qui est précieux. L’évangéliste Jean nous dit qu’il a été enterré dans un jardin, dans « un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne » (Jn 19, 41). Rien n’est laissé au hasard. Ce jardin rappelle l’Eden perdu, le lieu où Dieu et l’homme étaient unis. Et ce tombeau jamais utilisé parle de quelque chose qui doit encore arriver : c’est un seuil, pas une fin. Au début de la création, Dieu avait planté un jardin, maintenant la nouvelle création commence aussi dans un jardin : avec un tombeau clos qui, bientôt, s’ouvrira.
Le Samedi Saint est également un jour de repos. Selon la Loi juive, on ne doit pas travailler le septième jour : en effet, après six jours de création, Dieu se reposa (cf. Gn 2, 2). Maintenant, le Fils aussi, après avoir accompli son œuvre de salut, se repose. Non pas parce qu’il est fatigué, mais parce qu’il a terminé son travail. Non pas parce qu’il a abandonné, mais parce qu’il a aimé jusqu’au bout. Il n’y a plus rien à ajouter. Ce repos est le sceau de l’œuvre accomplie, la confirmation que ce qui devait être fait a vraiment été porté à terme. C’est un repos rempli de la présence cachée du Seigneur. Nous avons du mal à nous arrêter et à nous reposer. Nous vivons comme si la vie n’était jamais suffisante. Nous courons pour produire, pour prouver, pour ne pas perdre de terrain. Mais l’Évangile nous enseigne que savoir s’arrêter est un geste de confiance que nous devons apprendre à accomplir. Le Samedi Saint nous invite à découvrir que la vie ne dépend pas toujours de ce que nous faisons, mais aussi de la façon dont nous savons nous détacher de ce que nous avons pu faire. Dans le sépulcre, Jésus, la Parole vivante du Père, se tait. Mais c’est précisément dans ce silence que la vie nouvelle commence à germer. Comme une graine dans la terre, comme l’obscurité avant l’aube. Dieu n’a pas peur du temps qui passe, car il est aussi le Seigneur de l’attente. Ainsi, même notre temps “inutile”, celui des pauses, des vides, des moments stériles, peut devenir le sein de la résurrection. Chaque silence accueilli peut être le prélude à une nouvelle Parole. Chaque temps suspendu peut devenir un temps de grâce, si nous l’offrons à Dieu. Jésus, enseveli dans la terre, est le visage doux d’un Dieu qui n’occupe pas tout l’espace. C’est le Dieu qui laisse faire, qui attend, qui se retire pour nous laisser la liberté. C’est le Dieu qui fait confiance, même quand tout semble fini. Et nous, en ce samedi suspendu, nous apprenons que nous ne devons pas nous précipiter pour ressusciter : il faut d’abord rester, accueillir le silence, nous laisser embrasser par la limite. Parfois, nous cherchons des réponses rapides, des solutions immédiates. Mais Dieu œuvre en profondeur, dans le temps lent de la confiance. Le samedi de l’ensevelissement devient ainsi le sein d’où peut jaillir la force d’une lumière invincible, celle de Pâques.
Chers amis, l’espérance chrétienne ne naît pas dans le bruit, mais dans le silence d’une attente habitée par l’amour. Elle n’est pas fille de l’euphorie, mais de l’abandon confiant. La Vierge Marie nous l’enseigne : elle incarne cette attente, cette confiance, cette espérance. Quand il nous semble que tout est immobile, que la vie est une route interrompue, souvenons-nous du Samedi Saint. Même dans le tombeau, Dieu prépare la plus grande surprise. Et si nous savons accueillir avec gratitude ce qui a été, nous découvrirons que, précisément dans la petitesse et le silence, Dieu aime transfigurer la réalité, rendant toutes choses nouvelles par la fidélité de son amour. La vraie joie naît de l’attente habitée, de la foi patiente, de l’espérance que ce qui a été vécu dans l’amour, certainement, ressuscitera à la vie éternelle.

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