Terre de rencontres

18 juillet 2014
Eté : le Sud scintille de chaleur et bruisse des foules transhumantes qui viennent s’y distraire et s’y reposer. La Provence brûle de toutes ses pierres échauffées – maisons, pavés, murs et remparts, églises et monastères et tous les monuments témoins d’une très riche et très ancienne histoire…

Tout cela fait en juillet, de cette terre hospitalière, jardin de fruits, de cigales et de fleurs, un modèle de luminosité dorée, et, par voie de conséquence, un centre de tourisme fort attractif. Mais, il y a quelques décennies, le père Robert Chave, prêtre d’Avignon, homme de foi aimant la vie, les hommes, et le théâtre, avait imaginé une voie pour semer une graine et ajouter une discrète dimension spirituelle à tous ces attraits : l’envie de faire se rencontrer ceux qui venaient à l’occasion du festival, et les inviter à se parler dans le projet d’une confrontation éventuelle avec la foi chrétienne. C’était, dans son esprit, une forme d’évangélisation très respectueuse des artistes qui s’y produisaient et des spectateurs qui s’y rendaient, car il s’agissait d’aller ‘voir et entendre’, pour discuter ensuite des textes, des interprétations, des mises en scène, en « témoignant » de leur résonance dans une perspective chrétienne.

L’idée qui fondait la démarche était simple mais forte : la culture et la foi ont quelque chose à se dire, toutes deux se questionnent et se nourrissent mutuellement, se provoquent parfois, tirent toujours profit de leur dialogue. L’association que le père Chave a imaginée s’appela donc « Foi et Culture », elle est toujours vivante, elle continue là où elle fut fondée, mais l’esprit qui l’anime dépasse largement, à mon sens, le festival d’Avignon : partout, en Provence, désormais, ont lieu des « rencontres » autour de thèmes divers où l’art, la culture, la musique, le théâtre, entraînent des émotions, des réflexions, donc des échanges possibles. Ces spectacles se tiennent parfois dans les églises, et quasiment toujours dans des lieux singuliers qui cherchent la beauté.

Soyons attentifs, nous, chrétiens, à cette recherche et n’hésitons pas à dialoguer avec les artistes et avec les spectateurs. Le semeur fait tomber les grains là où il se trouve : certains sont perdus, d’autres ne mûriront pas, quelques-uns donneront du fruit en abondance (Mt 13), Dieu seul sait ce qu’il adviendra. Alors, comme le psalmiste (Ps 64) qui loue l’action fécondante du Seigneur, affirmons - en pensée et en actes - notre confiance en la Bonne Nouvelle dont nous avons à témoigner : « Ta parole germera… Tu prépares les moissons… Tu bénis les semaillesSur ton passage ruisselle l’abondance…  ».

Bon été à tous !

Simone Grava-jouve