Nous l’avons reconnu à la fraction du pain

29 avril 2024

Nous l’avons reconnu à la fraction du pain

 

Les disciples d’Emmaüs rendent ainsi compte de ce dont ils ont été témoins en chemin, et disent aux apôtres comment ils ont reconnu le Seigneur à la fraction du pain.

Ils l’ont reconnu à la fraction du pain, parce que ce sont les gestes et les paroles même du Seigneur Jésus au soir du Jeudi-Saint, à la Sainte-Cène. Assurément, les disciples n’avaient alors pas bien compris ce qui se passait et se réalisait, mais après la Passion et la Résurrection, ces paroles et ces gestes, prennent tout leur sens.

Ils l’ont reconnu à la fraction du pain, parce que ces paroles et ces gestes, le Seigneur Jésus les a dit et fait à plusieurs reprises, lors de la multiplication des pains : il prend le pain, le bénit, le rompt et le leur donne. C’est ainsi qu’il préfigurait, annonçait et préparait l’institution de l’Eucharistie.

Ils l’ont reconnu à la fraction du pain, sur le chemin d’Emmaüs, mais avant cela, déjà, leurs cœurs étaient tout brûlant, selon l’expression rapportée par les Evangiles, lorsque le Seigneur leur ouvrait le cœur à l’intelligence des Ecritures, et « partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait », lui, le Christ, et comment il fallait qu’il « souffrît cela pour entrer dans sa gloire  » (cf. Luc 24). Déjà, leur cœur était préparé à le reconnaître, déjà leur cœur l’avait reconnu, mais ils ne le mesuraient pas encore complètement.

Et pourtant, il est là, devant eux, avec eux, parlant et discutant, marchant et partageant leur table. Une fois de plus, ce n’est ni à son apparence, ni à sa voix qu’ils le reconnaissent, mais à ces paroles, à ce qu’il dit, et à ses gestes, en particulier la fraction du pain.

«  Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards » (cf. Luc 24). Ce n’est pas seulement du pain qu’ils voient avec leurs yeux, mais leurs cœurs reconnaissent dans la foi que c’est le Seigneur Jésus, le Christ, ressuscité. Le pain n’est plus seulement du pain, mais devient un signe, au sens de l’Evangile de saint Jean, c’est-à-dire une manifestation de la gloire et de la grâce de Dieu. Or, quand ils le reconnaissent, il disparut à leurs regards tels qu’il était auparavant, toutefois, il ne disparait pas complètement, puisque demeure le signe, ou pour mieux dire, le sacrement de la Fraction du Pain.

Dans la suite du même Evangile, ce qui est saisissant, c’est qu’au moment où les disciples « racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain », témoignant ainsi de leur foi, « lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! ».

Lorsque nous célébrons le sacrifice eucharistique, ce n’est pas la commémoration d’un évènement du passé que nous célébrons, mais la Fraction du Pain par laquelle le Seigneur Jésus ressuscité manifeste sa présence aujourd’hui. S’il a disparu à nos regards, tel qu’il était, toutefois il demeure présent par ce sacrement, par ce signe de la Fraction du Pain, « il est là  ! ». Ce n’est pas un symbole ou un souvenir, c’est le signe tangible et efficace de sa présence et de son amour rédempteur et sauveur, c’est Lui que nous reconnaissons, que nous voyons, que nous adorons.

 

abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet