Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en novembre

1er novembre 2020

L’abbé Aymard, curé de Séguret, 21 novembre 1870

La chronique de la quinzaine du mois de novembre 1870 annonçait le décès de l’abbé Aymard, le 21 novembre. « C’était un prêtre selon le cœur de Dieu. Ses paroissiens le regardaient comme un saint  ».

Jean François Léon Aymard était né le 10 avril 1802 à Vacqueyras. Après son ordination le 23 janvier 1831, il fut successivement vicaire à Monteux, puis à Pertuis en 1837. Nommé recteur de Loriol en 1856, il est transféré en 1859 à Séguret où il resta 11 ans.

Dans tous ses ministères, « il fut un modèle de sacerdoce ». La chronique ajoute « la charge des âmes lui paraissait un lourd fardeau, Mgr Debelay et Mgr Dubreil, connaissant son mérite, voulurent plus d’une fois faire violence à sa modestie en lui offrant des paroisses importantes ».

 

Mgr Debelay Mgr Dubreil

« La bonne paroisse de Séguret l’a vu longtemps à l’œuvre. Elle ne perdra pas le souvenir de celui qu’elle a accompagnée, avec un nombreux clergé, à sa dernière demeure ».

Au-delà de la chronique élogieuse qui le concerne, le cas de l’abbé Aymard est représentatif. Les archives ne conservent aucun autre document personnel le concernant – à l’heure actuelle – ni aucune représentation. Quel souvenir les paroissiens de Séguret gardent-ils de ce prêtre selon le cœur de Dieu ?

La cérémonie patriotique et religieuse du 11 novembre 1920

En cette année, il s’agit de célébrer le « cinquantenaire de la fondation de la République et du second anniversaire de l’Armistice qui a consacré glorieusement notre victoire et notre droit ». A l’invitation des Cardinaux de France, l’archevêque d’Avignon prescrit des cérémonies religieuses pour « marquer une fois de plus, le civisme si éprouvé du clergé et des catholiques ».

 « Nous aurons tous à cœur d’offrir à Dieu les hommages et les actions de grâces que nous lui devons et de le prier, en fidèles croyants, pour nos héros tombés au champ d’honneur pour la paix et la prospérité de notre Patrie, et pour les hommes de Gouvernement qui portent le lourd fardeau de la chose publique avec l’intelligence et le courage d’un patriotisme reconnu de tous ».

La cérémonie, présidée par Mgr l’Archevêque, réunissait aussi bien les autorités civiles que religieuses : MM. Les vicaires Généraux, le vénérable chapitre, M. le chancelier, MM les curés de Saint-Agricol et de Saint-Ruf, MM. les Directeurs des Séminaires, M. l’aumônier de l’hospice Isnard, MM. les vicaires de Saint-Agricol et de Saint-Ruf. « Cette réunion au pied des autels, des autorités de tout ordre, à l’heure actuelle est un signe des temps, signe des plus favorables ».

 « La Métropole s’était parée avec goût, de tentures aux couleurs nationales, suivant l’arc des chapelles, et de trophées de drapeaux. L’autel, orné de fleurs, resplendissait de lumières. »

« Que Dieu entende les prières et qu’Il couronne de succès les efforts de ceux qui président aux destinées de la patrie ! A la différence des gouvernements précédents qui semblaient n’avoir qu’une pensée : faire la guerre à Dieu et pour y réussir, paralyser l’effort de l’Eglise, instaurer des lois d’irréligion et de haine, le gouvernement actuel n’a qu’un but, qui est de faire la concorde et la paix entre Français, mettre un terme aux tracasseries religieuses, imposer à l’ennemi les exigences de la victoire. » Cela se concrétisera, quelques temps plus tard, par le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Vatican.

Nous avons sans doute du mal à comprendre les enjeux de ces cérémonies, qui viennent comme conclure les combats fratricides en France depuis le début du siècle, au-delà du conflit armé de la Grande-Guerre. Il faut lire entre les lignes, et on peut percevoir toute la réserve marquée par l’Archevêque, notamment en ce qui concerne l’anniversaire de la République. La Grande Guerre, notamment par l’engagement généreux des prêtres et religieux, a contribué à réconcilier les français. Si l’Armistice a été signé il y a deux ans, l’apaisement en France commence seulement à se faire voir.

Les vocations en novembre 1920

L’archevêque d’Avignon établit l’état des élèves du Petit-Séminaire et leurs paroisses d’origine. En 1920, 37 élèves proviennent de 20 paroisses. Les paroisses de Saint-Ruf et de Saint-Siffrein donnent chacune 5 élèves, et Notre-Dame à Orange, 4. Beaucoup de paroisses, même parmi les plus importantes, n’en donnent aucun, et cependant plusieurs paroisses plus modestes, comme celle de la Roque-sur-Pernes, en donnent au moins 1. Le pasteur s’émeut de ces effectifs réduits.

Schola du Petit-Séminaire Saint-Miche, à Lourdes, en 1923

Il commente : « si l’on ne remédie à cette indigence, le moment pourrait venir où « il n’y aura plus de prophète », plus d’apôtre pour le diocèse, et où « la lumière de l’Evangile en serait bannie ». MM. Les curés n’auraient bientôt plus de vicaires ; bien des paroisses n’auraient plus de curés ; et vous, familles chrétiennes, demanderiez en vain des pasteurs pour initier vos enfants aux vérités de la foi et vous acheminer vous-mêmes aux fins éternelles ».

Monsieur le chanoine Bertrand

En 1920, le chanoine Bertrand, supérieur depuis 1912, et neuf prêtres dont plusieurs sont Chanoines Réguliers de l’Immaculée Conception, ont mission d’éduquer et former ces vocations.

La préparation du Synode, novembre 1920

Le Code de Droit canonique de 1917 imposait aux évêques de convoquer un Synode diocésain, tous les dix ans. Si l’évêque est le seul législateur dans le diocèse, le droit garantit aussi en toute justice et bon sens, qu’il puisse agir de manière éclairée, c’est-à-dire, en l’espèce, avec le conseil de ses prêtres. Le Synode est une forme solennelle pour légiférer, comme l’est le Concile pour l’Eglise Universelle, « uniquement des points qui se rapportent aux nécessités ou aux utilités particulières du clergé et du peuple du diocèse » (cf. CIC17, can. 356)

Quatre commissions sont établies pour préparer le synode diocésain qui doit se dérouler en 1921. La première a pour objet les devoirs généraux des clercs, la deuxième le ministère paroissial, la troisième le culte, et enfin, la dernière l’administration temporelle du Diocèse.

Mgr Lucquin, vicaire-général

Ces commissions travailleront, sous la direction de la Commission générale présidée par le chanoine Lucquin, vicaire général, en vue de préparer des rapports qui seront présentés à l’approbation de l’évêque avant d’être soumis au synode.
 

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste