Homélie de Mgr Pontier pour les funérailles d’Eric Masson

15 mai 2021

Homélie prononcée mercredi 12 mai 2021, en l’église de Bédarrides.

Bien chers Amis,

Vous sortez d’une semaine terrible, qui n’en finit pas !

Quelle épreuve ! Parmi les plus dures surement ! Y a-t-il plus éprouvant que de perdre un époux, un papa, un fils, un frère, un ami très cher, un compagnon de travail ? et cela de manière brusque, insensée, injuste ? La réalité est là. Elle bouleverse le cours de vos vies. Vous voilà blessés d’une blessure profonde.

Nous voici autour du cercueil d’Eric, dans cette église, en quête de paix, de réconfort, de calme.

Des hommages multiples ont eu lieu, ici à Bédarrides, en Avignon devant le commissariat dimanche, hier sur l’esplanade de la préfecture. Bien des choses ont été dites de ses qualités humaines. C’est une belle personne.

Ici ce matin, dans cette église, nous venons dire notre désarroi au Seigneur et aussi écouter sa parole de réconfort. Nous avons allumé des cierges autour du cercueil d’Eric ; cierges porteurs d’une flamme fragile, comme notre courage ; mais cierges qui nous renvoient au Christ Jésus qui a dit : « Je suis la lumière du monde. »

Nous venons d’entendre un moment du récit de sa mort sur la croix. Il avait 33 ans. Sa mère était là, ses amis aussi, désemparés. Rien ne s’était passé comme ils l’avaient espéré. Et voilà ce dialogue entre les deux délinquants crucifiés autour de lui, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. L’un provoque Jésus. L’autre le reprend : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et c’est vrai, Jésus n’a rien fait de mal. Il est victime de l’orgueil et la méchanceté humaines. « Mais lui, il n’a rien fait de mal ! » On a envie de le dire d’Eric : Lui, Il n’a rien fait de mal. Il a fait son métier, ses missions. Il l’avait choisi pour servir son pays, servir les autres, garder la paix, servir la paix.

Lui, il n’a rien fait de mal. Et cela ajoute à notre peine qui peut devenir colère ou révolte. Et nous regardons Jésus le Christ sur la croix, nous croyons qu’il est le fils de Dieu fait homme, qui a accepté de passer par ce chemin de l’injuste condamnation, pour ouvrir un chemin d’espérance, révéler que la mort n’a pas le dernier mot, qu’elle n’est pas la fin de tout : « Amen je te le dis : aujourd’hui, avec moi tu seras dans le paradis. » Et cela parce que, comme le disait l’autre lecture, la première que nous avons entendue : « Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ; elles se renouvellent chaque matin. Oui, Seigneur, ta fidélité surabonde. » ; ou encore, comme le disait le psaume qui a été chanté et lu « Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. » Et nous croyons cela pour Eric : le voilà accueilli par le Dieu de la vie, le Père du ciel, dans cette vie éternelle que Jésus le Fils ressuscité a révélé à ses disciples et à laquelle nous croyons.

Oh, cela n’éteint pas votre peine de la séparation. La blessure est trop profonde et fraiche. Mais peut-être aussi qu’en ce moment, regardant la vie d’Eric et la vôtre avec lui, vous pouvez rendre grâce pour tout ce qui a été donné de beau, d’heureux ; tout l’amour vécu, toute la joie partagée, toute la tendresse échangée, depuis sa naissance et depuis le chemin de la vie commune pour vous, Emilie, avec ces deux belles filles, Laura et Anaïs, qui sont le fruit de votre amour. Et nous voyons bien qu’il va falloir s’aider à garder le goût de la vie, le goût des belles choses de la vie, le goût de cette vie quotidienne faite de tendresse, de bonté, de courage, de bienveillance, de soutien.

Jésus le Christ vers qui nous nous tournons ce matin nous redit son commandement, son programme de vie : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Je pars vous préparer une place. Je ne vous laisserai pas seuls. »

Et Il ne nous laisse pas seuls, chers Amis. Non, Il ne nous laisse pas seuls ! Nous avons sa Parole, l’évangile, nous avons les sacrements, sa présence, la prière, la communauté des frères et sœurs chrétiens. Nous avons la charité, l’engagement pour le bien commun, pour le bonheur des autres, des plus fragiles en particulier.

Eric avait choisi un métier de service des autres et de son pays. Ça avait du sens pour lui.

Jésus le Christ, décrit ainsi le chemin du bonheur dans une vie humaine : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Gardons cette lumière allumée ! Donnons notre vie pour ceux que nous aimons. Faisons de nos vies des dons au service des autres. Se rendre heureux les uns les autres.

Que la Vierge Marie, cette mère qui a pleuré son fils mourant sur la croix, nous accompagne en ce moment de notre vie marquée par la croix de la mort d’un être cher. Qu’elle soutienne notre espérance.

Mgr Georges Pontier,
Administrateur apostolique du diocèse d’Avignon