Voici le Carême : vive le Carême !

5 mars 2014

Petit choix de lectures...

« Ne vous souvenez plus des événements anciens, ne pensez plus aux choses passées, voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la reconnaissez-vous pas ? Oui, je vais mettre dans le désert un chemin, et dans la steppe, des fleuves. Les bêtes sauvages m’honoreront, les chacals et les autruches, car j’ai mis dans le désert de l’eau et des fleuves dans la steppe, pour abreuver mon peuple, mon élu. Le peuple que je me suis formé publiera mes louanges. » (Is 43, 18-21).

Grâce aux armes du jeûne, de la prière et de l’aumône, l’appel à la conversion offert par l’Eglise en ce temps béni du Carême, nous rappelle que Dieu vient faire toute chose nouvelle. C’est avant tout "un cœur nouveau et un esprit nouveau« (Ez 18, 31) qui nous est proposé, car Dieu vient offrir sa miséricorde à tous : »je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver" (Jn 12, 47).

Et le Pape François de renchérir, en nous invitant à une sincère conversion : "Chers frères et sœurs, que ce temps de Carême trouve toute l’Église disposée et prête à témoigner du message évangélique à tous ceux qui sont dans la misère matérielle, morale et spirituelle ; message qui se résume dans l’annonce de l’amour du Père miséricordieux, prêt à embrasser toute personne, dans le Christ. Nous ne pourrons le faire que dans la mesure où nous serons conformés au Christ, Lui qui s’est fait pauvre et qui nous a enrichi par sa pauvreté.  Le Carême est un temps propice pour se dépouiller ; et il serait bon de nous demander de quoi nous pouvons nous priver, afin d’aider et d’enrichir les autres avec notre pauvreté. N’oublions pas que la vraie pauvreté fait mal : un dépouillement sans cette dimension pénitentielle ne vaudrait pas grand chose. Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et qui ne fait pas mal." (Message de Carême 2014).

Pour nourrir ce chemin vers Pâques voici deux très beaux livres : La Sagesse de la Croix du père Joël Guibert (2012) et du Pape François : Vivre le Carême et Pâques (2014).

Le père Joël Guibert, du diocèse de Nantes, après avoir été renouvelé grâce au don de l’Esprit saint (cf. son témoignage dans Renaître d’en haut), se consacre à la prédication de retraites. Il a déjà publié plusieurs livres sur la Petite Thérèse, le don de la miséricorde, etc.
Dans La Sagesse de la Croix (ed. de l´Emmanuel, 2012, 256p., 19 euros), l’auteur s’inspire des écrits de nombreux saints. En particulier de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, lequel répétait à l’envie : "l’amour de la Croix est l’amour de la Sagesse" ; mais plus encore de Saint Paul pour lequel il n’y a qu’une Sagesse : celle de la Croix.

"En effet, la doctrine de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une force divine. Car il est écrit : « Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai la science des savants. » Où est le sage ? où est le docteur ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car le monde, avec sa sagesse, n’ayant pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs exigent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse ; nous, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui serait faiblesse de Dieu est plus fort que la force des hommes." (1 Cor, 1, 18-25).

Ainsi « la folie de la prédication » contient-elle cette grande annonce que la Croix qui nous écrase, grâce au Christ, devient glorieuse ! "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai« (Mt 11, 28). Dieu a envoyé son Fils unique pour cela : pour porter la Croix à notre place et donner un sens à nos souffrances grandes ou petites. Ainsi peut-on passer de la révolte face à l’épreuve (de la maladie, du veuvage, du chômage, de l’infidélité, de la stérilité, etc.), pour se laisser aimer et s’abandonner, apprendre à dire totalement »que ta volonté soit faite« . Pour cela il faut du temps, de la patience, un vrai chemin... »Père, en tes mains je remets mon esprit" (Lc 23, 46) : une dépossession de soi qui n’est possible qu’avec l’aide de Dieu.
De fait, l’auteur, à l’instar de Marthe Robin, nous montre comment Jésus nous invite à laisser tomber progressivement nos multiples résistances et vivre notre croix avec lui. Jésus-ressuscité, avec ses plaies, ne fait pas disparaître de manière magique le calvaire, le notre, mais il le transfigure. Paul Claudel disait "Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, Il n’est pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence« . Avec Jésus nous pouvons ainsi aller au-delà. Lui, étant Dieu, »ayant souffert l’épreuve de sa Passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l’épreuve" (Heb. 2, 18) : non seulement il nous comprend et nous console -quelle merveille !- mais à l’école de la croix, nous apprenons nous aussi consoler les autres et à les aimer.

Le second ouvrage : Vivre le Carême et Pâques (ed. Salvator, 2014, 5 euros) réunit principalement des homélies du Pape François lors du Carême et des dimanches de Pâques 2013. Comme toujours, le style du Saint-Père est concis, simple et percutant. Ces quelques pages présentent ainsi l’intensité de sa pensée et de sa foi. Des textes à lire et à relire tout au long de ce chemin de quarante jours pour (re)découvrir la splendeur du mystère de notre salut et nous mettre dans l’attente de Pâques.

De fait, n’oublions pas pour finir, que le but du Carême, comme celui de la souffrance et de la croix, est de nous conduire à Pâques et à la résurrection, or notre cher Pape nous mettait récemment en garde : "...il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques" (La joie de l’Evangile, §. 6) ! Et Saint Paul de nous rappeler : "J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous" (Rm 8, 18).