Résurrection : « Christos anesti ! »

21 avril 2014
Nous sommes chrétiens : nous croyons donc sans restriction à la résurrection de Jésus au matin du 3ème jour qui suivit son terrible supplice sur la croix ; nous faisons confiance au témoignage des femmes et des apôtres, nous savons parfaitement que tout repose sur l’authenticité de cet événement, base de deux mille ans de transmission, de conversion, d’évangélisation, d’espérance, d’Eglise en marche. « Si le Christ n’est pas ressuscité, la mort n’est pas vaincue, le monde n’est pas sauvé, et nous sommes les plus malheureux des hommes… » (Paul aux Corinthiens).

Pas un chrétien ne peut douter de la victoire du Fils de Dieu sur la mort, car notre foi s’arrime, s’ancre, justement, dans cette proclamation, dans ce cri de joie qui parcourt les siècles : « Il est vivant ! Il est ressuscité ! Le tombeau est vide  ! »

Les Ecritures transcrivent bien, à travers les différents récits, la stupeur, l’émotion, l’émerveillement de ceux qui ont rapporté l’incroyable nouvelle : « Le Seigneur s’est réveillé  !  » « Il est apparu aux femmes… » « Pierre l’a vu… » « Il s’est relevé du tombeau… » Larmes, étreintes, exultation, repas en commun, pour se dire encore et encore, ensemble, l’incroyable nouvelle… Chez Luc (24-39), Jésus, apparu au milieu de ses disciples - tétanisés de crainte et très émus - précise bien : « Je ne suis pas un esprit… Ego eimi autos Moi-je-suis, le même ! ». Et il leur montre spontanément ses mains et ses pieds : « Touchez, palpez, voyez la chair (sarka) et les os (ostéa) - un pur esprit n’en aurait pas ! ».

Les lois de la Création, où la mort achève irrémédiablement toute vie, sont dépassées, atomisées, transformées. Après l’Incarnation qui proposait déjà à la raison humaine un problème insoluble en faisant du Verbe Eternel un homme-Dieu, la Résurrection est le 2ème grand mystère que nous devons affronter, les yeux grands ouverts, sur la toute-puissance de Dieu. Que s’est-il passé tout à coup dans la grotte obscure, avec ce corps supplicié, inerte, blafard, couvert d’hématomes et de sang, prisonnier du linceul, et la tête enveloppé d’un linge que nul souffle ne faisait plus bouger ? Quel big-bang nucléaire, quelle lumière foudroyante, le traverse, l’électrise, fait de lui cet autre dans la mêmeté qui porte les marques ‘d’avant’ et transcende pourtant toute chair passible ? Le doigt du Père a effleuré la porte du tombeau, la chaleur d’amour de l’Esprit a plané au-dessus du suaire. Et le Bien-Aimé, Lumière née de la Lumière, engendré avant tous les siècles, a rouvert ses yeux de chair, pour que nous puissions être nous-mêmes, un jour, relevés, sauvés, divinisés – alléluia !

Simone Grava-Jouve